Mes « take-aways » du Barcamp 2017
Si je devais résumer en trois points ce que j’ai appris hier au Barcamp à la Bérardière, ce seraient les suivants:
1- le KM n’est pas une discipline académique, comme peut l’être la finance, l’économie, la sociologie ou la mécanique.
C’est plutôt un art, comme le management. Et l’art du management évolue en ce moment parce que nous sommes entrés dans l’économie de la connaissance, et qu’on ne gère pas des travailleurs de la connaissance comme on gère des ouvriers. L' »expert en KM », c’est par essence un coach/consultant qui accompagne les directions générales dans cette transformation des modes de management. La confiance que les DGs lui accordent est donc centrale.
2- il y a trois grandes populations de personnes à former au KM
Il s’agit:
- des étudiants quelle que soit leur discipline,
- des acteurs-clés de l’économie de la connaissance dans les entreprises,
- du top management (je mets les MBA dans le top management, car c’est le même type de formation).
Pour les étudiants, il s’agit avant tout de les former à leur futur métier, tels que défini dans une offre d’emploi. Tous les métiers sont concernés par le KM à différents titres, mais certains métiers plus que d’autres, et ce ne sont pas toujours les mêmes disciplines KM qu’on met en avant. Les ingénieurs devront être formés aux différentes formes de modélisation, les futurs responsables RH à la gestion des experts et des intrapreneurs, les futurs juristes aux différents aspects de la propriété intellectuelle, les informaticiens au développement agile et à l’expérimentation… Certains métiers très connotés KM émergent en ce moment, comme « community manager », « change manager » ou « data analyst », et ceux-là méritent un cursus de formation particulier qui met le KM au centre. On peut néanmoins toujours les raccrocher à une discipline reconnue, respectivement Marketing/commercial, communication, technologies de l’information. J’ai quelques soucis néanmoins avec des métiers nouveaux comme l’ingénierie des facteurs humains et la cognitique, qu’on peut peut-être raccrocher à un cursus « design ».
Pour les professionnels, sur le mode de la formation continue, il s’agit de former à très bien faire leur travail ceux qui ont un rôle central dans le management des connaissances de l’entreprise: les experts, les « intrapreneurs » impliqués dans l’innovation, les animateurs de communauté (souvent les mêmes), et dans une moindre mesure tous les administrateurs de contenus et « super-users » de plates-formes de collaboration.
Enfin pour les managers, sur le mode « executive program », ou mieux « école de guerre », il s’agit avant tout de les aider à réfléchir à la transformation de leur entreprise pour être en mesure de relever les défis de l’économie de la connaissance. Voir l’organisation en « tresses » proposée par le collectif sociétal 2017 de l’institut de l’entreprise (hélas je n’ai pas de lien).
Ces trois publics sont très différents dans leurs attentes. Les étudiants veulent « être capables de », et ce dans des environnements professionnels qui pourront être tres divers. Il leur faut donc des boîtes à outils pertinents et de bons réflexes. Les professionnels veulent mettre en œuvre tout de suite, dans un environnement professionnel connu. Il leur faut donc une formation tres personnalisée à leur contexte, sur mesure et immédiatement applicable, qui combine intervenants externes et internes. Enfin les managers veulent comprendre la complexité de l’environnement de demain et co-construire ensemble leur avenir à partir d’etudes de cas pour réfléchir.
3- Rôle possible de CoP-1?
Pour la formation des étudiants, les universités et les écoles, dont SKEMA, ont naturellement le rôle central. Et CoP-1 peut aider à incarner la formation des étudiants dans la réalité quotidienne, en assumant via ses membres quelques modules de cours ou en donnant des conférences.
Pour la formation professionnelle, chaque entreprise fait appel à des fournisseurs de prestation de formation sur mesure. L’intérêt des membres de cop-1 serait alors de tenir à jour une liste de prestataires possibles, et de porter un regard critique sur les programmes de formation prévus dans une entreprise membre en mode « revue par les pairs » d’une part pour les rendre meilleurs, et d’autre part pour gérer en commun une liste de « bons » prestataires.
Pour les « executive programs », ce sont à nouveau les business schools qui sont en première ligne. CoP-1 peut collaborer en fournissant des études de cas issues des entreprises membres et des intervenants capables d’en parler.
Précision: la formation à l’animation de communauté m’apparaît aujourd’hui comme un besoin naissant dans les entreprises françaises. Or on voit apparaître aux États-Unis depuis peu des outils de formation à cela, tels le community canvas, ainsi que des entreprises organisant rencontres et séminaires sur ce sujet, genre CMX. Je me demande s’il ne faut pas y voir un avenir possible de CoP-1: structurer une boîte à outils sur l’animation des communautés, nous lier à une ou plusieurs entreprises qui pourrait fournir des prestations de formation-coaching de grande qualité dans ce domaine (présentiel + MOOC + coaching à distance), et organiser un grand séminaire sur ce thème tous les ans, parrainé par certaines de nos entreprises et par SKEMA si la « chaire KM » se met en place.