2017 a été une bonne année pour CoP-1. En effet, la rencontre du 21 Novembre à SKEMA sur les experts et le KM s’est remarquablement passée et ce fut un grand moment de l’association, dont nous pouvons être collectivement très fiers. Quelques messages importants ont été passés à une assistance plus nombreuse que l’an dernier – nous étions une centaine – et je n’ai eu que des commentaires élogieux des participants.
Cependant, la communauté CoP-1 a été relativement peu présente lors de cet événement en-dehors des membres qui se sont personnellement investis dans son organisation. Et cela pose un problème relatif à notre identité communautaire. En effet le nom de CoP-1, proposé par Jean-Pierre Hujeux de Schlumberger en 2003, reflétait alors à la fois une réalité – nous étions la première communauté de pratique de responsables de programmes KM dans nos entreprises respectives en tout cas en France – et un projet collectif – l’entraide. Il y avait alors une réelle volonté partagée de se connaître, de se comprendre et de se soutenir mutuellement. Et cette culture se manifestait notamment à l’occasion du grand événement annuel, car à quelques empêchements inévitables près, nous étions tous présents.
Est-ce un signe des temps? De fait, quand CoP-1 a été créé, personne ou presque ne travaillait sur ces sujets en France. L’ « entreprise 2.0 » n’existait même pas, et la « transformation digitale » était un sujet de prospective. Ceux, qui comme nous, portaient ces réflexions au sein de leurs entreprises et découvraient les technologies de collaboration se sentaient assez seuls, et avaient vraiment besoin de rencontrer leurs pairs. Et c’était la proposition de valeur principale de CoP-1.
Aujourd’hui, la transformation digitale est devenu un sujet « mainstream » sur lequel tout le monde investit en masse. L’Etat met des milliards sur le sujet, et des hordes de consultants se déversent dans les entreprises pour les aider à se transformer.
Est-ce que CoP-1 peut encore accompagner ce mouvement ? Est-il temps de considérer notre mission accomplie et de passer la main ?
Personnellement, je crois que nous avons encore beaucoup à apporter pour une raison centrale : nous vivons cette transformation de l’intérieur, et nous sommes précisément en charge de la mener de différentes manières pour le compte de nos comités exécutifs. Certes, nous avons plein de points de vue différents. Certains d’entre nous viennent de l’informatique et s’attachent à la question du déploiement des outils de collaboration. D’autres viennent des ressources humaines et s’intéressent aux nouvelles compétences à promouvoir. D’autres viennent de la R&D et s’intéressent à la gestion de l’innovation… Mais nous avons tous comme point de ralliement cette idée que la communauté et le sens du bien commun sont au centre de tout. Nous ne percevons pas l’entreprise comme un ensemble d’individus mis au service de la valeur d’actionnaire via un contrat de travail, mais comme une aventure collective au service d’un projet commun.
Du moins je pense….
Pierre, à qui je parlais de cela il y a quelques mois, me disait que le temps était peut-être venu pour CoP-1 de publier un manifeste, un peu comme les 95 thèses du « cluetrain manifesto » en leur temps, qui d’ailleurs sont à l’origine de ma passion pour le KM. En effet, ce qui unit une communauté, bien au-delà de l’intérêt mutuel d’être ensemble, c’est ce à quoi elle croit, ce qu’elle a envie de dire au monde. Or il me semble que ce que nous croyons à CoP-1 n’est plus aussi clair que par le passé. Certes nous croyons tous à la collaboration, à l’intelligence collective, à l’économie de la connaissance… Mais rien de tout cela n’est bien original aujourd’hui, alors que ça l’était quand CoP-1 est né. Quand j’ai écrit mon livre sur le KM, les idées du CoP-1 d’alors y figuraient partout. Il aurait été écrit en nom collectif si seulement je n’avais pas été le seul à l’écrire.
Aujourd’hui, quand j’entends autour de moi les bêtises que racontent les consultants sur l’économie du savoir, sur l’innovation ou sur la transformation digitale, je me dis qu’ils n’ont pas compris ce que nous vivons en ce moment dans nos entreprises. Le véritable combat actuel est la compréhension intime des avantages et des inconvénients de la collaboration plutôt que dans l’hagiographie fanatique de Facebook, Google ou Tesla; dans le renouvellement de la pensée managériale plutôt que dans la démonstration du ROI; dans les nouveaux modèles économiques plutôt que dans les nouvelles offres; dans la compréhension intime du fonctionnement des organisations plutôt que dans l’apologie béate de l’entreprise libérée; dans le principe de subsidiarité plutôt que dans le bonheur au travail…
Mais ça c’est moi. Et nous tous à CoP-1, à quoi croyons-vous vraiment? Apporter une réponse collective à cette question serait une bonne résolution pour 2018.